Seul rescapé d’un début d’année très chahuté sur les marchés, l’or gagne plus de 16 % depuis le 1er janvier, à 1 241 dollars l’once. « Le métal jaune a recouvré son statut de valeur refuge », décrypte Arnaud du Plessis, gérant spécialisé sur l’or et les ressources naturelles chez CPR AM.

  Le récent rebond n’efface pas la dégringolade de ces dernières années  : après un pic à 1 921 dollars en septembre 2011, en pleine crise de confiance sur la zone euro, l’or n’a cessé de reculer pour atteindre 1 046 dollars le 3 décembre 2015. Son plus bas niveau en six ans.
  « Les cours de l’or ne sont pas seulement liés à l’offre et à la demande, comme les autres matières premières. Ils dépendent aussi des taux d’intérêt américains, du dollar, de l’inflation et du contexte géopolitique », résume Emmanuel Painchault, responsable de la gestion actions matières premières et infrastructure chez Edmond de Rothschild AM.
  Plusieurs facteurs plaident aujour­d’hui pour une stabilisation des cours de l’or au niveau actuel. Tout d’abord, l’environnement de taux d’intérêt se révèle plus favorable que prévu. L’or a tendance à baisser lorsque les taux d’intérêt américains remontent. L’explication est simple  : comme il ne procure pas de rendement, il apparaît moins attractif lorsque les taux remontent, car les obligations rapportent plus.
  Or, vu la conjoncture économique et après les récentes turbulences boursières, la banque centrale américaine semble vouloir temporiser. « En début d’année, le marché anticipait plusieurs hausses des taux directeurs américains en 2016. Aujourd’hui, le consensus ne prévoit pas de remontée avant mi-2017, ce qui crée un contexte favorable à l’or », explique Arnaud du Plessis.
  Sur le front de l’offre et de la demande, les clignotants sont au vert. « La production minière devrait plutôt se tasser, tandis que la demande d’or reste soutenue par les bijouteries et les banques centrales russe et chinoise qui achètent », confirme Emmanuel Painchault.
  Les ETF, ces fonds indiciels cotés dont les encours sont investis en or physique, recommencent à attirer les investisseurs  : depuis le début de l’année, leur encours a progressé de 4,9 millions d’onces, après une décollecte de 5,3 millions d’onces en 2015.
  l n’existe plus de cotation officielle à la Bourse de Paris depuis 2004, mais la société CPoR Devises publie chaque jour un cours de référence pour 24 produits. Pour acheter un 20 francs Napoléon, la pièce d’or la plus échangée en France, comptez 213,90 euros. Son prix, en augmentation de 16 % depuis le début de l’année, progresse plus rapidement que le lingot de 1 kg (qui vaut actuellement 34 630 euros, en hausse de 10,3 %).
  Pourquoi cette différence ? Ces pièces n’étant plus frappées, leur valeur peut dépasser celle de la quantité d’or fin qu’elles contiennent. « Cette prime augmente lorsque la demande est importante, explique François de Lassus, le directeur de la communication externe de CPoR Devises. Ce qui est le cas actuellement. »
   Agnès Lambert
   Journaliste au Monde