On a beaucoup parlé de l’or ces derniers mois, particulièrement dans cette rubrique, et la trajectoire des cours du métal doré nous incite à réaliser une piqure de rappel sur ses catalyseurs pour mieux apprécier la puissance du mouvement en cours.

L’or n’a jamais eu autant la cote. Enfin, ce ne pas vraiment exact pour l’or libellé en dollar, qui évolue à quelques encablures de son record historique, mais ça l’est pour l’or en euro, en livre sterling, en dollar canadien, en franc suisse, en roupie, en rouble etc. Le parcours réalisé depuis le début de l’année est ainsi remarquable, l’or s’appréciant de près de 22% depuis le 1er janvier et d’environ 30% sur un an glissant.

Bien que l’année soit loin d’être terminée, la relique barbare s’impose comme l’un des gagnants de 2020. Une célébrité qui a d’ailleurs débuté fin 2018, comme en atteste le graphique ci-dessous.


Bien que l’année soit loin d’être terminée, la relique barbare s’impose comme l’un des gagnants de 2020. Une célébrité qui a d’ailleurs débuté fin 2018, comme en atteste le graphique ci-dessous.

Le métal doré réalise l’une des meilleures performances en deux ans, toute classe d’actifs confondues, devant les indices de Wall Street, le Stoxx Europe 600 Net Return et le Nikkei, et loin, très loin devant le pétrole. Il peut être d’ailleurs perturbant de constater que l’or surperforme le Nasdaq Composite (on parle bien de l’indice des Tech US, invulnérable et indépassable). Ce constat réalisé, passons aux choses sérieuses pour tenter d'éclaircir l’engouement des marchés pour l’or.

Cette performance est évidemment à mettre au crédit de la chute des rendements obligataires, causée par l’assouplissement démesuré des politiques monétaires des principales banques centrales du globe : Fed, BCE et BoJ. Ces dernières sont engagés dans un processus de soutien monétaire afin d’endiguer les effets économiques du coronavirus. Par conséquence, le rendement des obligations "Investment grade" (qui ne présentent pas de risque) se contracte, et plus encore, les rendements réels (tenant compte de l’inflation) évoluent dans la très grande majorité des cas en territoire négatif. Autrement dit, les investisseurs dépensent de l’argent pour détenir des bons du trésor américain, le prix à payer pour acquérir un actif sans risque et liquide. Ce phénomène rend la relique barbare mécaniquement plus attractive, puisqu'elle ne délivre par définition, aucun rendement, aucun coupon, et présente en plus l’avantage de n’être adossée à la dette d’aucun Etat.

L’or et le rendement réel des obligations de grande signature ont ainsi une corrélation négative, une relation mise en lumière avec le graphique suivant.

mais la spécificité "refuge" de l’or. Ce n’est pas cette caractéristique qui explique l’engouement des marchés pour le métal doré puisqu'ils ont fortement rebondi sur les derniers mois, en même temps que l’or. En revanche, la crise du Covid-19 a renforcé un phénomène déjà bien présent, celui de la diversification des allocations d’actifs, dont profite pleinement l’or en raison de ses vertus soulignées précédemment. Dit plus simplement, les investisseurs intègrent davantage de métaux précieux en portefeuille pour avancer couverts tout en restant bien exposés sur les marchés actions.

Conséquence visible, les ETF adossés à l’or ont enregistré leur septième mois consécutifs d’entrées nettes, ajoutant ainsi 104 tonnes d’or sur le mois de juin.

Enfin, le dernier levier de croissance du marché de l’or est lié à l’appétit grandissant des banques centrales, particulièrement celles des pays émergents menant une politique de diversification des réserves de changes. Les banques centrales ont acheté 650,3 tonnes d'or en 2019, un niveau proche des records de 2018 (656.2 tonnes). Cette tendance pourrait perdurer cette année,  c’est du moins ce que conclut une enquête du World Gold Council, puisque 20% des banques centrales envisageraient d’acheter de l’or d’ici la fin de l’année.

En somme, crise pandémique et économique, politiques monétaires écrasant les rendements obligataires et appétit des banques centrales toujours intact, tel est le cocktail qui propulse les cours de l’or à la hausse malgré l’avancée inconditionnelle des indices boursiers. Concluons ce papier par une parenthèse record et performance. La relique barbare n’évolue qu’à quelques encablures de son sommet historique datant de 2011 à 1921 USD. Encore un effort d’un peu moins de 2% pour rallier ce niveau.

Source : Zone bourse.com - Article complet